Peut-on réconcilier politique et raison grâce à Saint-Thomas d’Aquin? - Pierre Manent

Selon le philosophe Pierre Manent, puisqu’il n’y a plus d’intermédiaire entre l’individu et l’universel, l’idée d’un ordre politique commun disparaît au profit des revendications des minorités.


«Il est plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement», écrivait saint Thomas d’Aquin dans sa Somme théologique. Transmettre l’héritage philosophique du docteur du commun est l’ambition du Centre Saint Thomas (CST), dont le lancement avait lieu ce 24 novembre au cœur du quartier Saint-Germain-des-Prés, rue Saint-Guillaume, en face du nouveau campus de Sciences Po.

«Le CST répond à une interrogation, qui est aussi une forme de scandale: comment se fait-il que saint Thomas, l’un des plus grands penseurs de l’humanité, ne soit pas mieux connu de nos contemporains?», interroge Éléonore de Noüel, directrice du Centre et doctorante en sciences politiques à l’École pratique des hautes études. À l’université, l’enseignement de la philosophie fait peu cas de la période médiévale, passant de l’Antiquité tardive aux Lumières. Pierre Abélard, Anselme de Cantorbéry, Guillaume d’Ockam… sont évoqués brièvement, mais, comme Thomas d’Aquin, ils sont peu étudiés, même dans l’illustre Sorbonne, où le dominicain fut professeur au XIIIe siècle.

Peut-on réconcilier politique et raison grâce à Saint-Thomas d’Aquin? (lefigaro.fr)

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