17 octobre1983 : Aron, "Le courage de penser" par André Glucksmann

[ARCHIVE] Au lendemain de la mort de Raymond Aron, André Glucksmann livre ce portrait intitulé "Le courage de penser".

Hitler pouvait gagner la guerre. Les juifs exterminés jusqu'au dernier, d'autres peuples auraient suivi. Andropov, avec moins de précipitation et plus de doigté, parviendra-t-il à faire basculer petit à petit l'Europe, à commencer par l'Allemagne ? Il n'est pas exclu que l'aventure humaine s'achève en goulag universel. Voilà ce qu'avait en vue Raymond Aron, quand il affirmait sa pensée, ni de droite ni de gauche. Il n'était pas mi-l'un, mi-l'autre, encore moins cet homme de "gauche qui s'ignore" que tentent de statufier rétrospectivement quelques dévots de la majorité.  
Il posait, simplement, des questions dépassant nos querelles municipales et hexagonales, et sur lesquelles il jugeait non seulement possible, mais aussi nécessaire de s'entendre avec une gauche pas totalement suicidaire. Il rencontra Sartre, après vingt-cinq ans de lutte idéologique, en vertu d'une urgence : quand les "boat-people" fuient le communisme vietnamien et se noient dans la proportion de un sur deux ; l'important, c'est la bouée, pas le concept, ni la position de parti. 
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